12 janv. 2013

Mouche', Marie Lebey.

Mouche'
Marie LEBEY.

Edition : Léo Scheer.
18€
125 pages.


Résumé : 

Mouche', drôle de surnom pour une mère, surtout avec cette apostrophe en coin comme un clin d'oeil espiègle et affectueux. Dans ce signe transparaît la fantaisie qu'elle partage avec sa fille romancière.
Marie Lebey esquisse une caricature de sa mère, légèrement ridicule, avec son côté Madale Verdurin pour qui l'art et la beauté sont partout, sauf chez sa fille qu'elle ne voit pas. Elle va jusqu'à moquer ses origines belges dont Baudelaire dresse le portrait au vitriol dans Pauvre Belgique !
Après la mort de son mari et de sa fille aînée  Mouche' a un peu perdu la raison et enfermé sa fille dans un musée peuplé des fantômes de ses ancêtres et de ses écrivains fétiches. Pour lui échapper, celle-ci n'avait pas d'autre issue que de devenir une femme, belle et séduisante, captant le regard des hommes dans le seul but d'exister enfin aux yeux de quelqu'un.
Avec tendre ironie, originalité, et cette drôlerie qui la caractérise, dont on comprend la source, Marie Lebey raconte l'histoire de sa relation avec cette femme, mais sans jamais régler ses comptes, bien au contraire : Mouche' est une véritable lettre d'amour.

Mon avis :

Marie Lebey nous propose un écrit assez personnel. Elle va nous faire part des sentiments qu'elle a éprouvé tout au long de sa vie pour ce personnage prénommée Mouche', sa mère.
Nous sommes alors baladés d'un souvenir à un autre avec par moments des explications historiques nous permettant de mieux prendre en compte un élément de sa vie d'aujourd'hui. Chaque nouvelle confession est une sorte de vérité enfin avouée comme s'il s'agissait du moment opportun, de l'instant ou jamais. Les flash-back sont impeccablement mis en relation avec le présent.
Le récit est gorgé de poésie, de sincérité mais aussi d'humour et d'éléments auxquels nous pouvons quelque fois nous identifier. C'est une lecture plutôt rapide qui nous fera ensuite réfléchir sur ce que l'on ressent nous aussi face à notre famille, face aux personnes se trouvant à nos côtés. Suite à cet écrit, nous avons l'impression de ne pas être aussi anormal que nous le pensions car il est évident que l'on a tous une part de sentiments pas obligatoirement agréables pour une tierce personne. Cette lecture nous permet une sorte de mise en retrait de ce que l'on ressent afin de mieux se comprendre. 

Citations :

"Même si je ne m'étais jamais entendue avec elle, j'avais le vague souvenir de l'avoir beaucoup aimée dans ma petite enfance."

"Sa conversation était truffée de références culturelles qui lui procuraient une certaine immunité dans la vie, un peu comme une plaque d'immatriculation "corps diplomatique" qui autorise à transgresser les lois."

"Mes amis m'enviaient d'avoir une mère merveilleuse comme elle, drôle et incroyablement jeune pour son âge. Je la trouvais pathétique. Dans la texture de sa voix qui se voulait entraînante, j'étais la seule à percevoir son combat perdu d'avance contre le temps qui ne reviendrait plus."

"Je n'ai pas le souvenir que Mouche' ait jamais posé sur moi un regard de mère. Je veux parler de cette tendresse qui irradie un enfant, comme un soleil aveuglant. son regard blessant me donnait des coups. Mes défauts ressortaient comme des bleus. Sous couvert de faire de l'humour, elle se moquait de moi. Si elle m'aimait ? Oui, sûrement, ce qui la rendait plus dangereuse encore."

"Le silence me parle plus que le bruit de la vie."

Je tiens à remercier Gilles Paris et les éditions Léo Scheer pour l'envois surprise de cet ouvrage qui fût une lecture d'une part plaisante et de l'autre comme amélioratrice.


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